Si je vous demande de fermer les yeux et de vous représenter une scène de l’Arctique, que me décririez-vous? Un vaste territoire enneigé? Des roches grises et de la glace bleu pâle? Des rubans jaune et vert dansant dans le ciel noir? Il est vrai que notre Grand Nord est connu pour ses immenses étendues d’une beauté sauvage, mais vous n’avez pas à aller très loin dans la toundra (ou dans l’exposition Voix de l’Arctique) pour découvrir un paysage haut en couleur.

La flore de l’Arctique canadien prend toutes les teintes de l’arc-en-ciel : en été, la toundra offre une véritable explosion de couleurs. Images : Paul Sokoloff © Musée canadien de la nature
Le 21 mars, près d’une trentaine de pays célèbrent la Journée internationale de la couleur en vue de sensibiliser la population à la perception de la couleur. Après l’hiver glacial que nous avons connu à Ottawa, et dans tout l’est du pays, il est difficile en regardant par la fenêtre de s’imaginer l’Arctique autrement que gris et glacé. Mais ici, comme dans l’Arctique, l’hiver laissera place au printemps et à l’éclosion inespérée de couleurs.

Le bleu et l’orange sont des couleurs complémentaires. On les juxtapose partout, comme dans les affiches publicitaires et les films. Je n’ai pu résister à immortaliser ces lupins arctiques, Lupinus arcticus, bleu océan avec notre tente orange vif en toile de fond. Image : Paul Sokoloff © Musée canadien de la nature
Avec un été si bref, les plantes intrépides qui ont élu domicile dans l’Arctique vont droit au but. Les fleurs sont leurs organes reproducteurs, après tout, et avec quelques courts mois pour arriver au but, il vaut mieux faire connaître rapidement ses atouts!

Un tapis coloré d’astragales alpins, Hedysarum alpinum, dévalant les pentes de la vallée du fleuve Coppermine, au Nunavut. Image : Paul Sokoloff © Musée canadien de la nature
Les saxifrages à feuilles opposées annoncent l’arrivée du printemps dans la plupart des régions arctiques, parsemant le territoire de taches mauve clair. Elles commencent souvent à fleurir avant que la neige disparaisse complètement. Ces fleurs éphémères laissent bien vite leur place à la verdoyante végétation estivale.

Ces cassiopes tétragones, Cassiope tetragona, dressent leurs élégantes clochettes blanches au-dessus des terrains enneigés orientés vers le nord. Image : Paul Sokoloff © Musée canadien de la nature
Les pavots agitent au vent leurs pétales jaunes, les lichens orangés tapissent les rochers, les andromèdes glauques déploient leurs délicates clochettes roses, tandis que la bétoine exhibe ses fleurs mauves ondulées. À l’automne, ce sera à la busserole d’enflammer les vastes étendues avec ses feuilles rouge orangé et d’annoncer ainsi le retour inéluctable de l’hiver, comme les forêts qui changent de couleur dans le sud.

Un bateau rouge devant le vieux poste de traite de la Baie d’Hudson est une scène bien connue d’Iqaluit. Le groupe rock White Stripes y a même filmé un vidéoclip. Image : Paul Sokoloff © Musée canadien de la nature
Bien entendu, les fleurs ne sont pas les seules sources de couleur au Nunavut et aux Territoires du Nord-Ouest. En se promenant dans les villages, on est frappé par les maisons multicolores et les magnifiques oeuvres d’art et d’artisanat. Les minéraux, la flore et la faune du Grand Nord procurent un spectacle visuel qui mérite d’être célébré.

Un botaniste du Musée, Jeff Saarela, Ph. D., inspectant un dépôt brillant de lapis lazuli le long de la rivière Soper, au Nunavut. Image : Paul Sokoloff © Musée canadien de la nature
Si le coeur vous en dit, venez découvrir les couleurs du Grand Nord dans notre exposition Voix de l’Arctique, présentée jusqu’au 3 mai. En attendant, je vous souhaite une excellente Journée internationale de la couleur!

Même dans les déserts arctiques les plus inhospitaliers jaillissent des couleurs, comme cette saxifrage à feuilles opposées, Saxifraga oppositifolia, au milieu des roches grises. Image : Paul Sokoloff © Musée canadien de la nature
Texte traduit de l’anglais.