Refroidissement éolien, tourbillon circumpolaire…brrrr…nous avons eu un hiver glacial. Dans plusieurs régions du pays, il a été l’un des plus froids depuis des décennies.

Nous avons la chance, pour la plupart d’entre nous, d’avoir une maison bien chauffée et des vêtements d’hiver qui nous protègent des éléments. Mais comment les animaux, eux, peuvent-ils supporter des températures si froides?

Le Musée canadien de la nature présente en ce moment une exposition d’animaux vivants intitulée Des grenouilles hautes en couleur. Je me suis entretenue avec Elisa Caballero, soigneuse au zoo Clyde Peeling’s Reptiland qui a produit cette exposition, pour savoir comment les grenouilles font face aux conditions climatiques extrêmes.

Deux ouaouarons, Lithobates catesbeianus.
Deux ouaouarons, Lithobates catesbeianus.

Les grenouilles ont des particularités fascinantes et notamment leurs stratégies d’adaptation. Différentes espèces ont mis au point diverses façons de survivre à la congélation. Des grenouilles aquatiques, comme le ouaouaron, Lithobates catesbeianus, que l’on peut voir dans cette exposition, hibernent dans l’eau pendant toute la saison froide. Elles descendent dans la couche d’eau riche en oxygène et leur métabolisme ralentit. La grenouille léopard, Rana pipiens, dont quelques spécimens se trouvent temporairement dans la Galerie Eau Bleue RBC, hiberne aussi de cette façon.

Le crapaud d’Amérique, Bufo americanus, possède pour sa part une peau épaisse et sèche. Il s’enterre profondément dans le sol et hiberne ainsi, sous la ligne de gel.

Des grenouilles léopards, Rana pipiens, dans un terrarium.
Des grenouilles léopards, Rana pipiens.

D’autres espèces comme la grenouille des bois, Rana sylvatica, et la rainette crucifère, Pseudacris crucifer, s’en remettent plutôt à leurs propres capacités antigel.

Ces grenouilles hibernent par exemple dans la litière de feuilles ou dans l’anfractuosité d’un tronc ou d’une branche. Elles congèlent et des cristaux de glace se forment dans les organes contenant du liquide comme la vessie. Elles y survivront à condition de ne pas geler à plus de 65 %. Elles réussissent cette prouesse en fabriquant une solution très concentrée en glucose (sucre) ou alcool de sucre dans leurs cellules. Cette solution épaisse et sirupeuse empêche la cellule de se détériorer. Le coeur et les poumons cessent de fonctionner pendant l’hibernation, mais se remettent en marche quand la grenouille dégèle sous l’effet de la chaleur printanière.

La plupart des espèces de l’exposition Des grenouilles hautes en couleur vivent sous les tropiques et n’ont donc pas à se soucier du temps froid. Mais la chaleur des déserts et des savanes peut aussi poser problème. La grenouille fouisseuse d’Afrique, Pyxicephalus adspersus, une énorme créature que vous pouvez voir dans l’exposition, a recours à une stratégie inédite appelée estivation.

Une grenouille fouisseuse, Pyxicephalus adspersus, dans un terrarium.
Une grenouille fouisseuse, Pyxicephalus adspersus.

Cela consiste essentiellement à s’enterrer à quelques dizaines de centimètres dans le sol et à y rester pendant la sécheresse ou la canicule. Le métabolisme et la respiration de l’animal ralentissent et sa température chute. En réduisant ainsi ses dépenses énergétiques, la grenouille peut rester longtemps sans se nourrir, comme d’ailleurs les animaux qui hibernent. Avant l’estivation, elle se couvre de quelques couches supplémentaires de mucus afin de prévenir la perte d’humidité.

Pour en savoir plus sur ces fascinantes créatures et leurs ingénieuses stratégies d’adaptation, visitez Des grenouilles hautes en couleur (jusqu’au 11 mai). Et si vous apercevez Elisa en train de soigner les grenouilles et de nettoyer leur vivarium, ne manquez pas de la saluer et de lui parler du blogue sur l’hibernation et l’estivation!

Texte traduit de l’anglais.