Vous êtes-vous déjà demandé d’où viennent les papillons vivants de Papillons en vol, une exposition populaire du Musée et comment ils sont arrivés là?

Nos papillons sont le produit d’un commerce équitable et respectueux de l’environnement. Ils nous sont fournis par des exportateurs du Costa Rica, le pays du monde qui exporte le plus de papillons. J’ai eu récemment la chance de rencontrer les fournisseurs de papillons et de plantes du Musée. C’était rassurant de parler à des gens si attentifs au bien-être des papillons. J’ai vu comment ils inspectent, choisissent et emballent les chrysalides en plus de préparer toute la documentation requise pour une exportation légale.

 

Image d’un papillon aux ailes noires et vertes sur une feuille.
Le malachite (Siproeta stelenes) est l’une des quelque trois mille espèces de lépidoptères du monde. Ce groupe est composé dans sa vaste majorité (95 %) par les papillons de nuit, mais les papillons diurnes sont les plus visibles, les mieux connus et les plus aimés. Image: Pierre Poirier © Musée canadien de la nature

 

Notre exportateur travaille avec plus d’une centaine de familles qui élèvent des papillons et en  prennent bien soin. De petits élevages familiaux se spécialisent dans quelques espèces à peine, tandis que d’autres en élèvent beaucoup. Tous les lépidoptères passent par une métamorphose complète, depuis un œuf, qui devient larve (chenille), puis chrysalide (ou pupe), puis adulte. Les papillons sont expédiés sous forme de chrysalides, qui sont l’objet d’une inspection attentive à chaque étape de la transaction, à la recherche des moindres dommages ou maladies. Les chrysalides sont disposées soigneusement dans des sortes de coussinets en mousse de polystyrène et sont vérifiées à nouveau une fois la commande assemblée.

Image d’un papillon aux ailes noires, rouges et jaunes sur une feuille.
L’héliconius melpomène (Heliconius melpomene) représente l’une des nombreuses espèces de papillons costaricains de l’exposition Papillons en vol. Image: Pierre Poirier © Musée canadien de la nature

 

Les chrysalides sont placées dans des boîtes avec toute la documentation nécessaire. Les autorités costaricaines exigent des permis d’exportation, et le Musée est tenu d’obtenir les documents d’importation et de satisfaire aux normes de confinement de l’Agence canadienne d’inspection des aliments. L’exportateur et les élevages familiaux s’assurent d’expédier des chrysalides saines à des musées, des zoos et des jardins de papillons partout au monde. Les boîtes sont même isolées pour que les chrysalides ne souffrent pas du froid pendant le transport.

 

Rangées de petites chrysalides tubulaires de papillons
Les chrysalides sont soigneusement triées par espèces. Image: Stuart Baatnes © Musée canadien de la nature

 

Quand les chrysalides arrivent au Musée, nous les suspendons délicatement jusqu’à ce que le papillon soit prêt à émerger. Nous libérons ensuite ces derniers dans l’exposition, où ils volent en liberté.

Dans la nature, les papillons ne se contentent pas seulement du nectar des fleurs. Parfois ils se nourrissent également de fruits trop mûrs, d’excréments, d’urine et de charogne. Ces aliments insolites leur procurent de précieux nutriments, comme des acides aminés, des sels et d’autres minéraux.

 

Deux travailleurs emballent les chrysalides dans de la mousse de polystyrène blanche.
Les chrysalides sont soigneusement emballées en vue de leur expédition dans des musées et d’autres centres autour du monde. Image: Stuart Baatnes © Musée canadien de la nature

 

Nous recourons à divers moyens pour imiter ces aliments naturels dans l’exposition Papillons en vol. En effet, les papillons peuvent tirer le nectar de plantes en fleurs ou profiter de postes d’alimentation, où ils trouvent un régime sain de minéraux et de sucres dans des fruits et des tubes de gelée rouge suspendus.

Malgré ce régime idéal, toutefois, les papillons adultes ont une durée de vie très courte et meurent au bout d’une semaine à un mois. Chose surprenante, certains mâles sont agressifs au point de tuer. De temps à autre, donc, suivant ce cycle de vie naturel, nous devons nous réapprovisionner au Costa Rica, auprès de nos excellents fournisseurs, en papillons issus du commerce équitable.