Un des points forts de notre voyage dans le lointain nord de l’Ontario en juillet a été d’avoir inclus une lichénologue au sein de notre équipe botanique multidisciplinaire.
C’était formidable parce que les lichens sont incroyables, parce que les experts en lichens sont très rares et parce qu’il reste tant de choses à apprendre en matière de lichénologie que chaque sortie à la découverte de lichens semble donner des résultats spectaculaires.
Ce voyage arrivait aussi à point parce que nous avons réussi à rendre l’exposition temporaire Bioluminescence : Quand la nature s’illumine (déjà ultra chouette) encore meilleure en y ajoutant du matériel de recherche des collections du Musée de la nature… et il s’avère que certains lichens sont de brillants adeptes de la bioluminescence.
R. Troy McMullin, Ph. D. (anglais seulement), de l’Université de Guelph, a généreusement accepté de collaborer avec moi pour trouver des spécimens à partager avec les visiteurs au Musée (je vais également ajouter des spécimens aux collections du Musée.)
Les lichens ne sont pas bioluminescents, c’est-à-dire qu’ils ne brillent pas dans le noir lorsqu’on éteint les lumières. Sous un rayonnement ultraviolet, toutefois, bon nombre deviennent fluorescents, dégageant une lueur vive qui n’est pas détectable à la lumière du jour par la plupart des humains.
Parfois, les couleurs des lichens fluorescents sous une lampe à U.V. sont complètement différentes de celles qui ressortent sous une lumière blanche ordinaire. Un lichen blanc os, par exemple, peut prendre une étonnante couleur jaune d’oeuf sous rayonnement U.V.
Fait intéressant : les scientifiques ne savent pas encore pourquoi seules certaines espèces de lichens contiennent des produits chimiques fluorescents. Ils savent, par contre, que ce sont des sous-produits naturels du métabolisme ordinaire du lichen.
Je dois admettre que j’ignorais à quel point les lichens fluorescents sont répandus au Canada, même si je sais depuis des décennies que les lampes à U.V. sont de rigueur dans les laboratoires d’identification des lichens. Leur lueur presque flamboyante les apparente davantage à des espèces plus exotiques.
Dans les basses-terres de la baie d’Hudson, cependant, le professeur McMullin repérait machinalement des amas de lichens comme candidats éventuels à l’exposition. À propos d’un spécimen brunâtre en forme de tige qu’on trouvait partout, il a émis ce commentaire : « Celui-ci brille d’une lueur bleu éblouissant ».
Bleu éblouissant?! Ce même lichen qui pousse dans toutes les provinces et les territoires du Canada? Pourquoi personne ne nous parle de ça à l’école?
Après que j’ai évoqué à haute voix la possibilité de transformer une tourbière nordique en arène psychédélique à l’aide de projecteurs à U.V., le professeur McMullin m’a parlé d’un autre lichénologue, Robert Lücking, Ph. D. (anglais seulement), et de la photo extraordinaire qu’il a prise lorsqu’il a installé sa lampe à U.V. près d’un tronc d’arbre incrusté de lichens. M. Lücking m’a gentiment permis de reproduire ici cette même photo et une autre du même arbre sous une lumière blanche.
Un autre groupe de lichénologues les décrivent (anglais seulement) ainsi : « Les lichens…appartiennent à une élite d’organismes survivalistes… ». Ils sont résistants, magnifiques, uniques et curieux. Loin d’être confinés aux lointaines tourbières du Nord, on en trouve également dans des cours arrière, sur des marches de béton et sur des troncs d’arbre citadins, sans parler des parcs et des zones naturelles – bref tous les milieux terrestres sauf les régions les plus lourdement polluées de notre planète.
Le vrai mystère consiste à savoir pourquoi si peu de gens les connaissent. Si vous voulez en voir, allez faire un tour dehors. Si vous voulez les voir fluorescer, rendez-vous à l’exposition Bioluminescence au musée, n’importe quand avant le 9 novembre 2014.
Jennifer a couvert un grand territoire lors de ce voyage de collecte. Lisez son article précédent, Hors de ma vue, insecte! Étudier les plantes dans les tourbières du nord de l’Ontario.
Texte traduit de l’anglais.
Bonjour!
Auriez-vous demandé quelles étaient les éspèces de lichens sur le tronc d’arbre photographié par Robert Lücking, Ph. D s’il vous plait?
Bonjour Benjamin,
Voici ce que le Dr. Lücking m’a dit lorsque je lui ai posé la question, quand je préparais ce blogue :
« Les lichens n’ont pas été identifiés, mais en me basant sur leur couleur, j’ai les noms génériques les plus probables (par exemple, en jaune : Diorygma; en orange : Pertusaria). »