Dans quelques jours à peine, les botanistes du Musée canadien de la nature Jeff Saarela, Ph.D., Roger Bull et moi-même quitterons Ottawa pour le village arctique de Kugluktuk, où nous attendent l’aventure et la découverte de nouvelles plantes. Au cours du mois prochain, nous allons recueillir des données botaniques et collecter des plantes vasculaires sur une bande d’environ 40 km le long du fleuve Coppermine, un cours d’eau du patrimoine canadien et un haut lieu de canotage.

Carte du Canada où l’on voit dans un encadré l’emplacement de Kugluktuk, du parc territorial Kugluk/Bloody Falls et de Sandstone Rapids le long du fleuve Coppermine, au Nunavut.
Situé dans l’ouest du Nunavut continental (région de Kitikmeot), Kugluktuk est une collectivité dynamique de 1500 âmes, qui nous servira de centre pour nos déplacements le long du fleuve Coppermine.

De Kugluktuk, un hélicoptère envoyé par le Programme du plateau continental polaire, groupe d’appui logistique dans l’Arctique canadien, nous transportera à Sandstone Rapids. Ce sera le premier des trois campements que nous établirons le long du fleuve. À ce site, le microclimat favorable (doux et protégé des vents) de la vallée du fleuve Coppermine fait monter la limite forestière à son point le plus septentrional au Nunavut.

Photo d’archive montrant un petit abri au pied d’un bosquet d’épinette.
Prise en février 1915, cette photo montre le campement de l’Expédition canadienne dans l’Arctique, dans le peuplement d’épinettes le plus septentrional le long du fleuve Coppermine. Avec un peu de chance, nous retrouverons ce bosquet près de 100 ans plus tard. Image : Fritz Johansen © Musée canadien de l’histoire

Ce peuplement d’épinettes abritait un campement de l’Expédition canadienne dans l’Arctique au cours de l’hiver 1915 et nous espérons retrouver ces arbres historiques et en rapporter des échantillons pour l’Herbier national du Canada. Malheureusement, les membres de la fameuse expédition qui ont passé l’hiver dans cette zone y ont très peu fait de collecte de sorte que notre Herbier est pauvre en spécimens de cette région et de cette période, une lacune que nous ne tarderons pas à combler!

Après Sandstone Rapids, nous irons vers le nord du fleuve en hélicoptère pour atteindre le parc territorial Kugluk/Bloody Falls, un lieu connu pour son passé sanglant, mais aussi pour son rôle actuel de « parc par excellence » des habitants de Kugluktuk. À ce site, nous recueillerons des données sur la flore de cette aire protégée, lesquelles contribueront à mieux comprendre et à mieux gérer les écosystèmes des parcs au cours des années à venir.

Les rapides Blood Falls, au Nunavut.
Kugluk/Bloody Falls abrite un parc territorial débordant de vitalité et souvent visité. Nous espérons que sa flore exhibera la même vitalité! Image : D. Gordon, E. Robertson © D. Gordon, E. Robertson (partagée sous licence CC BY-SA 3.0)

Enfin, nous reviendrons à Kugluktuk en bateau et y passerons une semaine à herboriser dans le village et ses alentours. Nous clôturerons le voyage par une présentation publique : la population de Kugluktuk sera la première à connaître les résultats de nos recherches le long du fleuve Coppermine.

Cette expédition entre forêt et océan nous donnera l’occasion de collecter des espèces végétales le long d’un gradient écologique allant de la forêt boréale à la toundra du Bas-Arctique. La recension minutieuse de la diversité floristique à la limite forestière nous permettra une (relativement) rapide évaluation des effets qu’auront à l’avenir des changements climatiques. On estime en effet que la taïga-toundra sera un des premiers écosystèmes à subir les répercussions du réchauffement.

Trois hommes et une femme assis sur une embarcation gonflable amarrée en bordure d’un cours d’eau, en Arctique.
Les trois hommes de cette équipe s’envoleront pour l’Arctique dans quelques jours. De gauche à droite : Paul Sokoloff, Jeff Saarela et Roger Bull. La botaniste Lynn Gillespie avait pris part à l’expédition précédente en 2012. Image : Roger Bull © Musée canadien de la nature

Comme lors de nos précédents voyages, nous laisserons peu d’empreinte : nous camperons dans des lieux éloignés, mangerons de délicieux plats déshydratés (cuisinés par notre chef extraordinaire Roger) et collecterons un millier de plants pour l’Herbier. Mais contrairement à notre expédition précédente, une randonnée en canot à l’île de Baffin, nous laisserons nos embarcations de côté, les rapides du fleuve Coppermine étant un peu trop extrêmes pour nous. Et il ne faudrait surtout pas que nos collections tombent à l’eau!

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Texte traduit de l’anglais.